Les start-up de l’intelligence artificielle tentent d’investir le champ de bataille


Trois avions Eurofighter Typhoon de la Luftwaffe allemande, lors de l’exercice Pitch Black de la Force de défense australienne dans le ciel au-dessus du Territoire du Nord, en Australie, le 2 septembre 2022.

Antoine Bordes aurait pu continuer à se partager entre Paris et New York pour Meta, où cet expert renommé de l’intelligence artificielle (IA) dirigeait le laboratoire Facebook Artificial Intelligence Research. Et puis, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu un profond écho en lui et l’a poussé à retraverser l’Atlantique. Les valeurs démocratiques en danger, la souveraineté technologique de l’Europe face aux hyperpuissances américaine et chinoise… Tous ces périls l’interpellaient. « Si ce que je sais faire peut avoir un impact sur la défense française et européenne, je suis dix fois plus motivé », explique-t-il, trois mois après sa nomination comme vice-président de Helsing pour la recherche.

La start-up est encore sous les radars. Née à Berlin, en 2021, grâce à un investissement de 100 millions d’euros du fonds Prima Materia du fondateur de Spotify, le Suédois Daniel Ek, elle s’est implantée au Royaume-Uni et en France. Un triple ancrage qui lui permet de travailler dans les trois pays alignant les forces militaires les plus importantes du Vieux Continent. Avec ses 220 salariés, dont 150 ingénieurs, et des recrutements de haut niveau, comme celui de l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air le général Denis Mercier, Helsing veut permettre aux armées de « réaliser des gains capacitaires importants » grâce aux ressources encore inexploitées de l’IA sur le champ de bataille.

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés Dans le sillage de ChatGPT, la course à l’intelligence artificielle

La société vient de signer un premier contrat avec le ministère de la défense allemand. En partenariat avec Saab Germany, qui fournit les capteurs, son logiciel d’IA va renforcer les radars de quinze Eurofighter de la Luftwaffe destinés à remplacer les Tornado pour les missions de neutralisation des défenses aériennes adverses. A partir de 2028, le système embarqué sur ces avions de chasse (et non dans le cloud) sera capable d’analyser les données radars recueillies « pour générer, en quelques millisecondes, des mesures d’autoprotection précises contre les radars ennemis modernes », expliquent ses concepteurs.

« Amplifier l’efficacité des matériels existants »

Une telle « couche logicielle » permettrait aussi d’améliorer l’efficacité des chaînes d’artillerie, constituées notamment des canons Caesar (155 mm), par l’accélération de la boucle renseignement-feu. Elle entraînerait une réduction des stocks de munitions nécessaires et offrirait une meilleure protection contre les tirs de contrebatteries, selon Helsing. En mer, cela améliorerait la protection des frégates contre les redoutables essaims de drones armés.

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